Les citoyens du monde entier se mettent en ordre de marche pour le climat
Face à l’inertie du pouvoir politique, le réveil citoyen fait figure de pare-feu en pleine urgence climatique. Vendredi 15 et samedi 16 mars, près de 530 000 personnes se sont mobilisées en France et à l’international pour réveiller les consciences.
Dans l’Hexagone, et plus particulièrement en Occitanie, plusieurs collectifs se sont formés. Et notamment “Citoyens pour le climat”, un regroupement spontané qui est né après le départ de Nicolas Hulot de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire en août dernier. Une démission qui a “servi” d’électrochoc. « Je ne me définis pas comme une militante, clame Laura Tournand, référente du mouvement à Perpignan (environ 3 000 personnes ont défilé lors du week-end du printemps de l’urgence climatique). J’ai juste une conscience écologique depuis longtemps et je me suis dit que je devais la réveiller. »
Réunions hebdomadaires, interventions dans les lycées, actions citoyennes, groupes de travail ou rapports scientifiques, le travail est conséquent pour les membres qui ne se réclament d’aucun bord politique. « Le côté sans étiquette, on y tient beaucoup », ajoute la jeune femme de 34 ans qui salue les qualités de partage et de socialisation de ce mouvement. Les revendications sont nombreuses : déclarer l’état d’urgence climatique, reconnaître le crime d’écocide, respecter la stratégie nationale sur le carbone et adopter le pacte finance-climat. « Il faut agir vite sinon on va droit dans le mur, s’inquiète Camille Creusot, référente du collectif à Nîmes (où environ 1 000 personnes ont défilé). Nos impacts positifs à petite échelle ne sont pas assez forts pour compenser les impacts négatifs des grands industriels. »
Entre 12 000 et 15 000 personnes à Montpellier
En clair, il faut une prise de conscience rapide et surtout collective. « Si ça ne vient que d’un seul, ça ne fonctionnera pas », poursuit cette ingénieure de 28 ans. Citoyens, collectifs, associations, entreprises et politiques doivent travailler de concert. Pour stopper un air qui sonne faux. « On peut être apartisan mais pas apolitique, explique la Nîmoise. La politique a un rôle primordial à jouer même si on a l’impression qu’ils ont parfois les mains liées. »
Pour la plupart des membres du collectif, la transition passe par une réduction affirmée du confort : une vie moins matérialiste, moins consumériste, une quasi- décroissance. « On sent vraiment que c’est possible car la mobilisation grandit à chaque acte citoyen », confie Stéphane Herb, référent à Montpellier. Une ville qui a réuni entre 12 000 et 15 000 personnes lors de la dernière marche. « Il y a aussi une convergence avec les “gilets jaunes”, assume l’homme de 47 ans. La lutte est différente mais le fond est le même, il faut faire entendre sa voix de manière massive pour qu’elle soit entendue. » L’exercice est périlleux et se heurte souvent à l’incompréhension du plus grand nombre. « On est en train de faire évoluer les mentalités, juge Stéphane Herb. La politique de demain, c’est bien nous qui l’avons entre nos mains ! »
YOANN PALEJ