Michal Kurtyka : « Une vision très noble de la planète »
Rencontre avec le Président de la Cop 24 et secrétaire d’État auprès du ministère de l’Énergie et de l’Environnement de la Pologne.
Que vous inspire la mobilisation de la jeunesse mondiale lors des marches pour le climat ?
Je suis persuadé que le XXIe siècle sera celui de la société civile. Cette génération est jeune et très déterminée, je la rencontre régulièrement lors de mes déplacements dans le monde entier. Le défi climatique est pour eux un nouveau terrain dans leur engagement civique. Et c’est une bonne nouvelle car on aura besoin, à l’avenir, de jeunes leaders capables de faire avancer les choses, et de prendre des décisions fortes. Cette génération a une vision très noble de la planète.
Quand vous entendez le mot “Monde Nouveau”, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Pour moi, le Monde Nouveau, c’est avoir en même temps une vision technologique et naturaliste de l’action climatique. Les deux sont finalement indissociables mais il faut arriver à les marier au mieux pour un avenir radieux. L’humanité va être amenée, de plus en plus, à vivre dans les villes (3 personnes sur 4 à l’horizon 2050) et il faut donc mettre en place un urbanisme de l’avenir. C’est-à-dire trouver un équilibre entre ce que l’homme nous apporte et ce que la nature nous offre. On ne doit pas les opposer, juste trouver le moyen de les faire cohabiter avec par exemple l’éléctromobilité, les voitures autonomes, l’hydrogène. L’exemple parfait, c’est Singapour mais Copenhague et Séoul ont bien avancé sur le sujet et se sont fixé des objectifs cruciaux.
Quel est l’enjeu le plus important à l’instant T ?
La créativité humaine n’a pas de limites, donc il faut s’en servir, mais à bon escient. Ce qui est le plus important, c’est le leadership. Il va falloir trouver des dirigeants qui avanceront vers ce Monde Nouveau, qui se donneront les moyens de rejoindre le XXIe siècle et de prendre le virage décisif. La première priorité dans les villes, ce sera la hausse du trafic des transports en commun propres. Et la replantation des arbres, poumon indispensable… Quand on pense qu’un arbre équivaut à 20 climatiseurs individuels, on n’a pas plus besoin de faire un dessin.
Y. PA.