Zéro pesticide : les collectivités d’Occitanie s’engagent et montrent la voie
Alors que la loi a drastiquement limité l’usage de pesticides, les collectivités qui les ont proscrits donnent l’exemple. Et 36 des 110 villes et agglos labellisées “Terre Saine”, cette année en France, en sont issues.
À l’occasion de la 14e Semaine pour les alternatives aux pesticides, le ministère de la Transition écologique et solidaire et l’Agence française pour la biodiversité ont remis le label “Terre Saine” à 110 communes.
La liste des lauréats
Depuis 2014, près de 430 communes à travers la France ont reçu le fameux label “Terre Saine” pour leur démarche exemplaire “Zéro pesticide”, dont 153 en Occitanie.
Voici, sur les 110 au total concernées cette année, les 36 communes de la région qui l’ont obtenu.
Hérault : Saint-André-de-Sangonis, Murviel-lès-Montpellier, Lunas, Bessan, Candillargues, Saint-Just, Saint-Sériès, Sainte-Croix-de-Quintillargues.
Gard : Pouzilhac, Congénies, Saint-Geniès-de-Malgoires, Monoblet, Saint-Martin-de-Valgalgues, Saint-Jean-de-Valériscle, Brouzet-lès-Alès, Monteils, Notre-Dame-de-la-Rouvière.
Aude : Azille, Douzens, Villeneuve-Minervois, Villesèque-des-Corbières, Mouthoumet, Fitou, Lauraguel, Mas-Saintes-Puelles, Aragon, Carcassonne Agglomération, Lastours, Mailhac, Bize-Minervois.
Pyrénées-Orientales : Le Tech, Reynes, Pollestres, Ponteilla-Nyls, Trouillas.
Tarn : Lamontélarié.
Au cœur d’une polémique de santé publique depuis plusieurs années, on connaît les effets néfastes des pesticides tels que le glyphosate, dont l’utilisation et l’exposition entraînent des risques de cancer, d’infertilité, de maladies neurologiques ou encore de malformations du fœtus.
Créé en 2014, avec comme objectif affiché de veiller à la santé des citoyens, le label “Terre Saine” permet de valoriser les municipalités pionnières et d’amener le plus grand nombre d’entre elles vers le zéro pesticide.
Dans cette optique, plusieurs régions ont mis en place des chartes régionales pour accompagner les collectivités volontaires dans cette démarche.
« Un devoir d’exemplarité »
Parmi les communes récompensées cette année pour leur engagement, trente-six sont en Occitanie. C’est le cas de Murviel-lès-Montpellier (Hérault) : « C’est la reconnaissance d’un travail fourni depuis presque sept ans par les services techniques de la Ville pour abandonner l’usage des pesticides sur les espaces gérés par la commune, confirme la maire, Isabelle Touzard. Il faut revenir à des méthodes ancestrales qu’on a oubliées. Ça demande beaucoup d’efforts et surtout de la pédagogie, car il faut que les usagers acceptent d’avoir des herbes folles sur les trottoirs, la voirie… C’est vraiment un autre regard sur le cadre de vie. On communique beaucoup sur ce sujet et on essaye d’impliquer les citoyens. En tant que municipalité, nous avons un devoir d’exemplarité. »
Des propos que confirment Jacques Boudet, maire de Brouzet-lès-Alès (Gard), commune également labellisée en 2019 : « C’est une petite surcharge de travail car cela nécessite un entretien quasi-permanent, notamment sur les voiries, mais c’est pour la bonne cause. C’est une démarche environnementale essentielle. »
À noter que sur les presque 430 communes ayant obtenu le label depuis 2014, plus d’un tiers (153) sont situées dans la région.
Que dit la loi en France ?
La loi Labbé prévoit depuis janvier 2017, l’interdiction aux personnes publiques « d’utiliser ou de faire utiliser des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts, promenades et voiries ».
Dans le cadre du débat sur le glyphosate, cette interdiction s’est élargie, depuis janvier 2019, aux particuliers. Cependant, d’autres types de pesticides sont toujours autorisés.
Il s’agit des produits phytosanitaires de bio-contrôle, considérés comme à faibles risques et autorisés par ailleurs en agriculture biologique.
Pour soutenir les communes qui souhaitent toutefois aller plus loin dans la lutte contre les pesticides, les régions ont mis en place des chartes.
En Occitanie, c’est la charte “Objectif zéro phyto” qui accompagne les communes et collectivités dans leurs démarches. Cette charte est divisée en trois niveaux, représentés par le nombre de grenouilles à droite du panneau que l’on rencontre à l’entrée des villes.
Trois grenouilles signifient donc que la commune a totalement exclu les pesticides, ceux pourtant encore autorisés légalement, et peut ainsi prétendre au label “Terre Saine”.
FLAVIEN VAIREAUX