Interview Marie-France Marchand-Baylet

« Les COP sont indispensables mais chaque initiative locale est utile »

Marie-France Marchand-Baylet est vice-présidente du Groupe La Dépêche, auquel appartient L’Indépendant, et initiatrice du forum le monde nouveau qui fait écho aux problématiques débattues pendant la COP 25. L’occasion de passer du « global » à un « local » dont l’échelle est celle des actions citoyennes.

En pleine COP 25 à Madrid et à moins de quatre mois de la seconde édition du forum Le Monde nouveau à Perpignan, l’heure n’est plus à la seule mobilisation mais bien à l’action. « Chaque initiative locale, individuelle ou collective est utile », martèle Marie-France Marchand Baylet. Entretien.

La COP25 se déroule à Madrid et la seconde édition du monde nouveau se prépare. Dans quel contexte se tiennent ces deux événements ? Pourquoi les initiatives locales (individuelles, régionales) paraissent-elles plus efficaces que les initiatives globales ?

La COP 25 s’ouvre sur les rapports alarmants du GIEC, le dernier portant sur les océans et la cryosphère (lire aussi ci-dessous). On note l’accélération du réchauffement océanique, + 6 °C dans le Pacifique nord-ouest entre 2013 et 2015. Au cœur de l’Arctique, la glace de mer n’a plus qu’un quart de l’épaisseur qu’elle avait en 1975. Le niveau de la mer devrait ainsi gagner 30 cm d’ici 2050, puis 60 cm en 2100 même en limitant le réchauffement à moins de 2 °C. La biomasse des animaux marins devrait diminuer d’au moins 15 % avant la fin du siècle. Ajoutons à cela la biodiversité en danger sur l’ensemble des continents.

« Il n’y a pas de petits gestes »

La situation est très alarmante…

Oui, il est donc indispensable que chacun, à sa place, se mobilise. D’où la seconde édition du monde nouveau du 26 au 29 mars 2020 à Perpignan, organisée par le Groupe La Dépêche dont le rôle est d’informer et être pédagogue sur ces sujets. Chaque initiative locale, individuelle ou collective est utile, il n’y a pas de « petits gestes ». Il y a, et il doit y avoir, une prise de conscience, et c’est notre responsabilité de l’accompagner.

Vous déclariez l’an dernier lors du premier monde nouveau : « On ne peut rien attendre des États », la COP25 est-elle néanmoins, selon vous, porteuse d’un espoir ?

Les engagements des états ne sont pas à la hauteur de l’urgence. Alors que la COP 21 avait soulevé, à juste titre, un réel espoir, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a ruiné cette espérance lorsqu’il a renié l’accord, suivi par l’élection de Bolsonaro qui déforeste à tout va l’Amazonie… Ces « responsables politiques » auront à rendre compte devant l’Histoire et les générations futures de leurs actions. Pour ce qui concerne l’Europe, enfin, jeudi dernier le Parlement a déclaré l’urgence climatique (lire nos éditions de mercredi-NDLR). Souhaitons que les états qui la composent prennent enfin la réelle mesure des enjeux.

Les COP sont nécessaires, voire indispensables. C’est le seul moment où les États se réunissent sur ce sujet majeur. En 2020, les décisions de l’Accord de Paris doivent entrer en vigueur, y compris en matière d’engagements financiers à l’égard des pays émergents. Espérons que la COP 25 encourage et veille à cette mise en mouvement.

Qu’impulsera le monde nouveau 2 en mars prochain ?

Cette seconde édition permettra aux habitants d’Occitanie de venir s’informer pendant les tables rondes sur lesquelles seront présents les acteurs de la santé, de l’agroalimentaire, de l’habitat, des mobilités, des nouvelles citoyennetés des énergies propres, mais aussi de participer à des ateliers, d’assister à des pitchs sur les nouveaux métiers, de découvrir les avancées existantes et y compris autour de nous, ici en Occitanie. Bref, de participer au changement.

« Le défi climatique n’a pas de frontière »

Greta Thunberg est invitée à la COP 25 pour porter la voix de la jeunesse. Le monde nouveau dispose déjà d’un manifeste rédigé par des jeunes d’Occitanie, quelle sera leur place à Perpignan ?

Dès la première édition, nous nous sommes en effet tournés vers la jeunesse en fédérant les grandes écoles et universités. Ce sera encore le cas en 2020 dans un format plus élargi.

Julie Pasquet, la formidable jeune femme qui avait porté le « Manifeste de la jeunesse » en mars dernier, a créé une association « Up for Europe ».
Elle part faire un tour d’Europe, avec quelques étudiants et rencontrer dans chaque pays des universités où elle tentera de convaincre les étudiants de la rejoindre.

Tous se donneront rendez-vous à Bruxelles pour mobiliser les élus. Le défi climatique n’a pas de frontière. C’est un formidable projet… elle interrompra son Tour pendant 48 heures pour nous rejoindre à Perpignan et porter témoignage…

J’espère que d’autres projets de ce type naîtront à Perpignan en 2020, car la jeunesse est notre plus bel espoir et il faut soutenir toutes ses initiatives.

 

Frédérique Michalak