Créathon 2019 : le projet montpelliérain

Recycler et utiliser le CO2 au lieu de le rejeter : le projet mis au point à Montpellier

L’un des dix projets innovants du Créathon, suivi et accompagné par “le monde nouveau”.

Recycler le C02 et s’en servir. Pour la chimiste Béatrice Sala, c’est non seulement possible mais faisable. Son projet est simple : récupérer le C02 pour éviter qu’il soit rejeté dans l’atmosphère et qu’il pollue, et le rendre utile.

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« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »

La Montpelliéraine d’adoption s’est lancée depuis quelques années dans cette quête inspirée de la maxime attribuée à Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

Et il faut dire que la chercheuse, docteure en physico-chimie, chimie, électrochimie a l’expérience et des années de travail en la matière. Celle qui a œuvré de nombreuses années pour l’industrie nucléaire a voulu utiliser ses connaissances pour apporter sa pierre à l’édifice, comme elle le confie et lutter à sa manière contre le réchauffement climatique.

« Lorsque j’ai quitté Areva, je me suis dit que tout ce que je savais, tout ce que j’avais dans la tête allait être perdu. » Au lieu de prendre une retraite bien méritée, celle qui a été la première femme ingénieur à Ugine Aciers en Savoie, se lance à bras-le-corps et en misant tout ce qu’elle a dans un projet de recherche très complexe, persuadée de sa faisabilité mais aussi et surtout de son utilité : « C’est maintenant ou jamais, je crois en ce qui je fais et surtout je sais que ça marche. »

Elle monte sa société éMA – dont le nom est issu de la contraction entre électron et matériaux avec une référence à l’énergie – en 2014 et son laboratoire est accueilli au sein de l’IES (institut électronique et des systèmes) de l’université de Montpellier. Baptisé Solarvi, son projet, qui est en passe de devenir une réalité concrète, « ambitionne de faire la liaison entre les sources d’énergies renouvelables, la réduction des émissions de CO2 avec la mobilité verte et la valorisation de composés carbonés ».

« Je crois en ce que je fais et surtout je sais que ça marche »

Au-delà du jargon scientifique et des explications dont la chercheuse n’est pas avare, mais qui restent très complexes pour le quidam, en gros, Solarvi a pour objectifs de récupérer le CO2 produit par les secteurs industriels et agricoles, et de le transformer en produits valorisables (méthane, alcools…).

Fille d’agriculteurs, elle a concentré l’application de ses recherches sur la viticulture, entre autres. « ça me plaisait beaucoup d’orienter mes recherches pour qu’elles servent au monde agricole. Et la région étant principalement tournée vers la viticulture… »

Elle travaille en collaboration avec la distillerie de Sigean et la cave coopérative de Névian dans l’Aude. Mais pour arriver à rendre Solarvi disponible et applicable, il lui manque des financeurs, même si elle précise que beaucoup l’ont aidée et y croit, dont la Région et la mairie de Baillargues.

Un projet indispensable surtout de nos jours où le réchauffement climatique est au cœur des préoccupations. Ne reste plus qu’à le rendre opérationnel.

 

LAURE DUCOS