COP25 : Interview Brune Poirson

Brune Poirson : « La France ne baisse pas les bras mais nous devons tous faire plus, plus vite »

Après avoir annoncé la fin du plastique jetable pour 2040, Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, l’assure : « La France ne baisse pas les bras » et a « des résultats encourageants ». Entretien.

Quel message la France porte-t-elle à la COP 25 ?

Cette année, nous portons deux enjeux fondamentaux. Le premier est celui de relever collectivement notre ambition climatique et notamment nos engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le second concerne l’Accord de Paris. En France, nous avons déjà traduit ses objectifs dans la loi, afin de garantir qu’en 2050, nous n’émettions pas plus de CO2 que ce que la nature est capable d’absorber. Cette COP devrait permettre de finaliser les règles d’application de l’Accord de Paris, pour tous les pays concernés. La France et l’Union européenne porteront au plus haut notre ambition climatique, dans la logique du « Green Deal » présenté par la Commission européenne le 10 décembre dernier.

« En France nous avons des résultats encourageants »

Malgré la baisse de 4,2 % de ses émissions de gaz à effet de serre entre 2017 et 2018, la France ne tient pas ses objectifs. Dans ces conditions, comment tenir la limitation de la hausse du réchauffement climatique à 1,5° C qui est réclamée à Madrid ?

En continuant à travailler, à nous mobiliser et à convaincre ceux de nos partenaires, notamment européens, qui sont encore frileux et qui ne souhaitent pas s’engager. En France, nous avons des résultats en 2018 qui sont encourageants et les premiers mois de 2019 le sont aussi. La volonté politique est indispensable, elle promet et permet des effets mais tous les acteurs de la société doivent être mobilisés. Les entreprises, les villes, les régions et bien évidemment les citoyens sont indispensables. La loi Energie-Climat adoptée cette année doit nous permettre de respecter nos engagements européens et internationaux concernant nos émissions de gaz à effet de serre et notamment des points de passage à horizon 2030, en cohérence avec notre objectif de neutralité carbone en 2050. Nous ne baissons pas les bras mais nous devons collectivement faire plus et plus vite. Des occasions telles que la COP sont indispensables pour mobiliser tous les pays et rehausser l’ambition collective.

« La réduction de nos gaz à effet de serre est un vrai défi »

Sur quel(s) secteur(s) les efforts doivent-ils le plus porter sachant que le plus mauvais élève reste les transports (31 % des émissions) ?

Pour la France, la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre représente un vrai défi. J’ai l’habitude de dire que c’est comme lorsque l’on fait le ménage chez soi. On commence d’abord par le milieu de la pièce, c’est facile et efficace, mais ensuite, on doit aller dans les coins, ce qui est plus compliqué. Pour la transition énergétique, c’est pareil. Tout ce qui était simple et efficace a été fait, ou est en passe de l’être. La France est en train de fermer ses 4 dernières centrales à charbon, en accompagnant la transition économique et écologique de ces territoires. Nous avons une production d’électricité qui émet peu de CO2. Nous en sommes donc à une phase qui nécessite de vraies innovations dans notre façon de conduire nos politiques pour aller chercher de nouvelles économies de CO2. Cela passe par exemple par de meilleures isolations thermiques de nos bâtiments, par davantage de recyclage, produire un plastique recyclé émet 3 fois moins de CO2 qu’un plastique vierge, ou encore de changer nos modes de transports. C’est notamment pour cette raison que nous débattons en ce moment même de la loi anti-gaspillage au Parlement et que nous avons fait voter une loi d’orientation de mobilités qui propose des solutions à tous les Français pour se déplacer et donne davantage la priorité aux transports du quotidien des Français, et non plus aux grandes lignes de TGV.

 

Recueilli par Frédérique Michalak