Nos étudiants de Sciences Po Toulouse nous racontent leur expérience à la COP 26
L’aventure commence lundi matin avec de nombreux check points, une sécurité renforcée comme le montre les images et une immense queue dans laquelle nous restons 1H30 avant de pouvoir rentrer dans la zone bleue. Nous entendons derrière nous des manifestations tentant de faire pression sur les chefs d’Etats arrivant. Positionnée à la fenêtre d’un immeuble donnant sur la queue, se trouve une petite fille avec une pancarte « save the planet ».
La cop a plusieurs zones: il y a la zone verte avec ce qu’on appelle les « sides events » réservé à la société civile et accessible en théorie à tous (sous conditions d’avoir réussi à avoir un ticket dans les temps). Nous, nous avons accès à la zone bleue dans laquelle se trouve les négociations, les pavillons des différents partis et enjeux (il y a un pavillon sur l’eau par exemple) ainsi que « l’action hub » avec tous les médias. En entrant nous apprenons que nous ne pouvons pas assister aux plénières en direct avant mercredi pour raisons de sécurité au vu de la présence des chefs d’Etats et en raison du covid. Nous comme toutes les personnes accréditées « observer » peuvent suivre les plénières depuis le grand écran situé dans la salle de l’action hub.
Nous avons pu y voir la cérémonie d’ouverture ou encore les différents discours des présidents, celui de Boris Johnson, Joe Biden ou encore Emanuel Macron. Dans cette grande salle circulaire, on trouve une grande planète au centre, les médias en direct sur les côtés et une grande salle aménagée avec les écrans diffusant les plénières. Au milieu des fauteuils où les gens se retrouvent pour échanger.
Nous avons le premier jour pris nos repères dans ce grand espace parfois intimidant, nous croisons des chefs de partis reconnaissables aux journalistes les suivants partout en courant. Mais c’est dans l’espace regroupant les différents pavillons que nous faisons le plus de rencontres. Nous déambulons de pavillons en pavillons à la rencontre d’acteurs incroyables, nous leur posons tout pleins de questions curieux de connaitre la position de chacun.
Nous avons parlé notamment à une association s’appelant « nuclear for climate » afin de connaitre leur position sur la question du nucléaire. Au pavillon France nous croisons de loin notre ministre Barbara Pompili. Nous rencontrons d’autres jeunes français comme nous avec qui nous avons pu discuter.
Nous déjeunons dans la grande cantine de la COP où là encore il est possible d’échanger autour de son repas. Tout semble fait pour favoriser le réseau et les discussions de couloirs. L’après-midi, nous sommes allés voir un side event de la blue zone il s’agissait de la « Second meeting of the Structured Expert Dialogue of the second periodic review » . Ce groupe d’expert accompagne les négociations d’un point de vue scientifique. Il y avait des représentant du GIEC dont Valérie Masson Delmotte (présidente et française). Les pays représentés par un membre de leur délégation au premier rang pouvaient lever leur pancarte pour poser des questions. Les experts répondaient ensuite. Ce jeu de question réponse était très intéressant puisque nous avons remarqué que les seuls pays posant des questions étaient les pays les moins avancés ou en développement souvent inquiets pour leur avenir. Par exemple, les Iles Fidji posaient beaucoup de questions concernant la montée des eaux. Les partis comme l’Union Européenne étaient, quant à eux, plutôt absents de cet évènement.
Mardi 1/11
Ce jour moins de queue, le matin nous avons pu rejoindre via nos différents réseaux whatsapp un groupe de coalition de tous les jeunes d’Europe présent à la COP. Nous sommes en train de constituer un groupe autour d’idées commune nous permettant de porter notre parole auprès de dirigeants ou d’acteurs ayant accès aux zones de négociations, une nouvelle réunion est prévue jeudi. Nous avons pu rencontrer tout un réseau de jeunes engagés pour le climat.
Ensuite nous sommes retournés dans la zone avec les différents pavillons, nous avons échangé avec des animateurs de la fresque du climat et même rencontré son créateur Cédric Ringenbach. Nous avons pu parler à un membre de la délégation Australienne ou encore à une membre de la délégation Camerounaise engagée dans la défense des forêts d’Afrique centrale. Nous avons également assisté à une conférence au pavillon « résilience hub » de l’ONU qui regroupait trois maires, celle de Freetown capitale de la Sierra Leone, le maire d’Athènes, et la maire de Miami. Les discussions portaient sur la gestion de la chaleur en ville.
Ensuite nous avons pris en cours la conférence au pavillon français sur le thème sport et climat avec notamment des représentants du pôle développement durable des JO de Paris 2024.
Demain nous espérons pouvoir tenter de nous frayer un chemin vers les salles plénières puisque les restrictions seront en théorie levées. Mais nous ne sommes pas très confiants. Cela nous fait réfléchir à la transparence des négociations ainsi qu’à la représentativité. En effet, après discussion la délégation Camerounaise ne compte qu’une trentaine de membres, 17 pour celle du Togo là où d’autres partis ont des centaines de représentants très actifs.
La COP est un lieu enrichissant pleine de rencontres et de réseaux internationaux. C’est assez intimidant et impressionnant. Cela nous permet de découvrir un petit peu le fonctionnement de la diplomatie qui se joue finalement beaucoup dans les couloirs. Nous remarquons que les entreprises les plus représentées sont les plus riches, par exemple au pavillon UN nous trouvons à l’étage un espace dédié à la promotion de l’action environnementale de Google et Meta (Facebook) principaux financeurs. Finalement les plus grands activistes sont beaucoup plus en manifestation dehors que dans la zone de négociation.
À bientôt pour la suite de nos aventures.
Merci de nous avoir lu,
Chloé, Mathieu et Julie