Les étudiants de Sciences Po Toulouse nous racontent la suite des évènements à la COP 26
Vendredi 5/11
Nous voilà reparti.e.s pour une nouvelle journée à la COP ! Aujourd’hui le thème de la journée est la jeunesse (Youth) ; cela nous concerne donc grandement !
Pour commencer la journée, nous avons une rencontre avec la co-présidente du groupe 1 du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’expert.e.s pour le climat) et chercheuse Valérie Masson-Delmotte qui a accepté de répondre aux questions des étudiants. Nous avons aussi rencontré la coordinatrice régionale du GIEC ainsi qu’une chercheuse qui étudie les effets du changement climatique et notamment les catastrophes naturelles qui y sont liées. Enfin, nous rencontrons une chercheuse qui modélise les scénarios du GIEC (chapitre 4 des rapports). Nous nous séparons suite à cette rencontre très enrichissante et humaine.
Chloé part aider à la préparation d’une action de Fridays for Future (FFF) au sein de la Blue zone, tandis que Mathieu se rend au pavillon portant sur les zones humides. Chloé prend part à une action à 10h : une tribune pour les jeunes des pays des MAPA (Most affected people and areas) qui n’ont pas leur voix au chapitre dans les discussions et les négociations officielles. Avec Julie, Chloé participe à la marche organisée par FFF Glasgow jusqu’au milieu de l’après-midi. Julie quitte la marche pour aller visiter la Green zone.
Elle rencontre une jeune femme au stand sur la pollution de l’air avec laquelle elle s’entretient longuement. Mathieu rejoint des jeunes européens pour échanger sur la position de l’Union Européenne avec le délégué en chef Jacob Werksman. L’échange est consensuel et serein. Il déjeune avec Lorelei Lankester, l’une des deux jeunes déléguées françaises, avant de se balader dans les pavillons. Il se renseigne sur la réduction du méthane agricole, résiduel et énergétique puis rencontre le négociateur de l’article 6 (carbon market) du Bangladesh. Enfin, il assiste à un séminaire sur les solutions basées sur la nature au pavillon des États d’Europe du Nord. De retour dans la Blue zone, Chloé rencontre de son côté Bella Lack, jeune activiste anglaise qui joue dans le dernier documentaire de Cyril Dion : « Animal ». Elle assiste ensuite avec Julie à une conférence au sujet de l’éco-anxiété.
Chloé Mathieu et Julie espèrent participer demain à la plus grande marche mondiale pour le climat de leur vie. Ils vous attendent nombreux dans vos villes respectives.
Samedi 6/11
Nous assistons d’abord à la plénière portant sur le thème de la nature, et plus précisément sur le sujet de la protection des forêts. Les interventions soulignent les fonctions multiples de la forêt, à savoir écologiques, économiques, biologiques mais aussi culturelles et identitaires.
De 10h à 11h, nous écoutons une conférence portant sur le secteur des terres, secteur aussi appelé AFOLU. Les points essentiels de la conférence ont été le statut carbone ambivalent du secteur, l’importance des techniques satellitaires et de l’intégration des communautés paysannes aux outils et aux planifications.
À 11h, nous avons pu échanger durant plus d’une heure avec un délégué français. Celui-ci nous a éclairé sur les tenants et aboutissants des négociations, les coalitions à l’œuvre, les actuels blocages, l’emboîtement des positions françaises et européennes, les pratiques diplomatiques et les limites cognitives de la CCNUCC. Il était très pédagogue ce qui nous a vraiment permis de nous immerger un peu plus dans le détail des négociations en cours.
Nous sommes ensuite allé.es manifester au Kelvingrove Park puis à travers tout le centre-ville. Mathieu et Julie se sont posté sur le côté de la manifestation pour la voir passer presque dans son intégralité, écouter les slogans, les orchestres de rues, admirer les pancartes. Après plus d’une heure de défilé d’une foule opaque nous nous sommes joints au cortège. Le nombre de manifestants a été estimé à plus de 100.000 personnes.
Après quoi, Mathieu s’est rendu à la Green zone où il a surtout discuté avec des membres de la société civile sur les enjeux relatifs à l’éducation environnementale, la protection des indigènes, la transition écologique à l’échelle de la ville et les enjeux énergétiques. Il a surtout été saisi par deux choses : l’aspect ludique et démocratique de la zone d’une part puis le greenwashing des partenaires d’autre part. Par la suite, il a partiellement suivi une conférence organisée sur le pavillon du Fond Vert pour le Climat (FVC) et traitant du paradigme One health, à savoir une perspective intégrée et intégrale des enjeux environnementaux sous la bannière de la santé au sens large. Il a été question de faire dialoguer, voire d’harmoniser les différentes conventions environnementales internationales existantes, à savoir la CCNUCC, la Convention sur la Biodiversité et la Convention sur la Désertification.
Chloé a continué de militer jusqu’au bout de l’après-midi et a suivi des groupes militants de friday for future venant de tous pays afin de partager un apéritif dinatoire avec eux.
Julie quant à elle est retournée en zone bleue écouter une conférence dans laquelle témoignait les « insiders de l’accord de Paris ». Cela lui a permis d’identifier certains points de blocages et de comprendre un peu mieux les avantages et inconvénients de l’approche dite « bottom up » des NDCs (nationally determined contributions).
Enfin, nous avons été manger dans un restaurant russe avec des ami.es. C’était une belle occasion de plus pour discuter toujours plus en profondeur des enjeux politiques dont notre génération s’empare avec appétit et détermination.
Après une semaine intense, riche, stimulante intellectuellement, nous sommes heureux de passer le flambeau à Clarisse, Camille et Amélie. Un grand merci à nos hôtes chaleureux Hugh et Jeanett, à notre école Sciences Po Toulouse, à nos partenaires la fondation La Dépêche et la région Occitanie de nous avoir permis cette immersion au cœur de la diplomatie internationale sur les enjeux climats.
Au revoir,
Julie, Chloé et Mathieu