Les étudiants de Sciences Po Toulouse nous racontent leur avant dernière journée à la cop 26
Cette quatrième journée fut une journée de rencontres et de discussions informelles. La veille, Camille organise avec les jeunes français un temps de questions réponses avec François Gemenne à 10h puis un autre à 11h avec Yannick Jadot. Après un bon café/thé pris au pavillon de l’UNCCC (organisme de la COP), nous nous retrouvons avec les jeunes pour préparer des questions et désignons des modérateurs pour avoir une discussion fluide. Chaque matin les pavillons offrent à boire et les participant.e.s désignent informellement les meilleurs pavillons où prendre son petit déjeuner.
François Gemenne est membre du groupe 2 du GIEC (IPCC en anglais) qui se concentre sur l’adaptation au changement climatique, un sujet trop peu abordé par la COP26. Le sujet de prédilection de ce professeur de l’université de Liège et de Sciences Po est les migrations climatiques. Très pédagogue, il nous explique les enjeux liés à ce sujet qui mêle aussi rapport à l’identité et aux frontières. En effet, il explique qu’un degré de fermeture de la frontière élevé ne sert qu’à rassurer la population intérieure et n’influe pas sur l’immigration et empire même la situation des réfugiés.
Il revient aussi sur cette cop26 et certaines remarques voire critiques : la séparation regrettable dans les COP entre la diminution des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique, la zone verte ouverte au public très éloignée de la zone bleue réservée aux accrédités, la zone des pavillons plus étroite que lors des autres COP.
À 11h, comme nous sommes le 11 novembre, toute la COP respecte 2 minutes de silence pour commémorer l’armistice, avec le symbole très présent du coquelicot ( »poppy » en anglais).
La commémoration achevée, Yannick Jadot arrive pour découvrir un large ovale de français réunis pour l’écouter après François Gemenne. Assis lui aussi en tailleur avec nous, le candidat des écologistes répond à nos questions avec un discours résolument plus politique et partisan que celui de notre précédent orateur. Il rappelle sa position anti-nucléaire mais aussi résolument européenne dont le fonctionnement permet des engagements contraignants, pose la question des alternatives, dénonce la présence des lobbys à la COP26…
Lorsqu’une question sur la primaire populaire est posée à Jadot, celui-ci affirme qu’il a déjà tenté de rassembler la gauche (en vain) et participé à une primaire, et qu’il ne voudrait donc ne pas repasser par ce process. On ressent définitivement l’approche des élections mais sommes satisfait.e.s d’avoir ou poser nos questions librement.
L’après-midi, Camille se forme (pour la deuxième fois) à la fresque du climat aux côtés de quatre représentant.e.s de pays africains : Ghana, Benin, Burkina Faso et Sénégal, pour sensibiliser à leur tour dans leur pays, voire traduire le jeu. Pendant ce temps, Amélie et Clarisse co-animent une fresque du climat pour un Camerounais qui veut importer le jeu dans son pays, très touché par la déforestation.
Amélie et Clarisse assistent ensuite à une table ronde au pavillon AOSIS (Alliance Of Small Island States) où des jeunes des îles Fiji, d’Haïti, du Montserrat et de Papouasie Nouvelle-Guinée nous racontent leurs actions pour lutter contre et s’adapter au changement climatique affectant fortement leurs îles et les océans. Ils déplorent que les négociateurs et la société ne les écoutent pas suffisamment et que les médias les misérabilisent parfois.
En fin de journée, après avoir croisé un dinosaure qui milite contre l’extinction de masse, Amélie et Clarisse vont assister à la rediffusion de la plénière de clôture, très formelle. Le président évoque les différents points de l’ordre du jour, demande s’il y a des objections avant d’adopter les articles en question d’un coup de marteau.
En partant, elles admirent une œuvre d’art créée en direct durant la COP26 par 3 artistes, dénonçant le changement climatique et ses effets par de douces couleurs pastelles. Qui a dit que l’art n’était pas politique ?
[Fun fact : chaque matin on nous demande de boire une gorgée de notre gourde devant les agents de sécurité pour vérifier qu’elle ne contient pas de produits dangereux (même lorsqu’elle est vide !)]
Amélie, Camille et Clarisse